
Je me suis toujours demandé si vivre à l’étranger me changerait?
En France je regardais vivre, songeuse, ces expatriés rentrés pour les vacances. J’observais amusée des comportements qui me laissaient dubitative et je pensais être différente d’eux.
Et bien j’ai eu tort.
(Définitivement).
Je partage avec vous un petit top 5 des comportements et réflexions problématiques que j’ai pu avoir depuis mon départ, en espérant que vous soyez plus indulgents que je ne l’ai été. Si des expats se reconnaissent, faites moi signes (je me sentirai moins seule)!
5 – Idéaliser son pays d’accueil (puis, déchanter).
C’est peut être un comportement de girouette, mais… Je plaide COUPABLE. Quand un français quitte son pays pour un autre, c’est souvent par choix et par attrait pour le pays d’accueil (coucou Corée).
Au départ, l’excitation est à son comble, c’est le voyage de noce, tout est intéressant, rien n’est pénible. Mon moi d’il y a deux ans, fraichement arrivé en Corée, ne voyait aucun défaut à son quotidien et même si j’étais instruite sur les problèmes coréens, ils me glissaient dessus, je trouvais des réponses (comprenez « excuses » ) à tout.
Après deux ans de vie au pays du matin calme, j’étais incapable de pardonner certaines caractéristiques de la vie coréenne et j’observais étonnée les nouveaux expatriés qui ne les voyaient pas, minimisaient ou simplement s’en fichaient… avant de réaliser que moi aussi, deux ans plus tôt j’étais dans leurs baskets.
Je pense que le mécanisme est le même partout, et je vis sans doute la même expérience au Canada.
Les pays sont semblables aux hommes, certains sont toxiques pour nous, nous pouvons en aimer d’autres pour la vie, mais aucun n’est parfait.
4 – Les français qui restent dans un entourage français à l’étranger.
Qui ne s’est jamais dit :
Pourquoi partir vivre à l’étranger si c’est pour rester entre français?
Je dois admettre que la logique derrière cette phrase me reste évidente, NEANMOINS, je comprends aujourd’hui que lier des amitiés avec des locaux ne dépend pas uniquement de l’expatrié.
Non seulement les différentes cultures ne se valent pas en matière d’ouverture d’esprit sur l’étranger, mais plus encore, vous commencez votre vie à zéro là où les locaux eux, ont déjà un quotidien satisfaisant (on leur souhaite en tout cas). Il n’est pas spontané pour tout le monde de faire de la place dans sa vie quand trop souvent on court déjà après le temps pour voir notre amoureux, la famille, nos amis.
De plus, un français reste français où qu’il aille, même si certains essayent de l’oublier. Il est naturel et sain de parfois souhaiter parler français et retrouver un bout de ses racines avec quelqu’un de notre nationalité.
Le pain au chocolat coule dans nos veines (ou chocolatine, allez je suis inclusive).
Si je persiste à croire qu’une expérience à l’étranger n’est complète qu’au contacte de personnes de la culture du pays, aujourd’hui je comprends pleinement qu’on puisse avoir besoin de nos compatriotes pour respirer et se sentir chez soit plus facilement.
3 – L’expat’ déteste la France et il est le seul à avoir ce droit.
On parle là du même phénomène qui nous amène à critiquer nos mamans à l’adolescence, mais à être prêts au duel si quelqu’un d’autre tente ne serait-ce qu’un regard de travers contre elles.
OUI j’ai quitté la France donc OUI j’ai conscience de ses défauts et j’adore disserter sur tout ce qu’on pourrait faire de mieux à la maison (Yana, présidente en 2032?) MAIS, j’ai aussi vu qu’ailleurs, on faisait bien pire sur un tas de sujets, donc attention, je sors les griffes si on critique un peu trop MA France.
la critique constructive est toujours bienvenue mais je vois beaucoup d’aveuglement, surtout de la part des candidats à l’expatriation… Vous verrez, la France c’est bien mieux que vous ne le croyiez, en attendant, je ne vous reproche rien, vous ferez votre cheminement propre plus tard en quittant notre pays (et en rentrant sans doute au bercail un jour comme la plupart d’entre nous).
Ce petit paragraphe un poil condescendant me mène droit au prochain point :
2 – Les expatriés sont des je-sais-tout un poil hautain.
Que celui qui n’a jamais pensé
« Oh dis donc la Germaine depuis qu’elle est partie vivre en Laponie elle a l’impression d’avoir la science infuse »?
me jette la première pierre.
L’expat a toujours un avis sur tout : la France, sur l’étranger… Il se contredit dans ses avis (cf la France c’est nul mais toi t’as pas le droit de le penser/dire), il est un poil condescendant: « ah tu verras, t’as pas assez de recul là, dans deux ans ce sera différent« .
COUPABLE COUPABLE COUPABLE, je suis coupable de tout cela, à divers niveau… mais je vous assure que rien n’est dit pour agacer, n’y voyez que de la bienveillance (sans doute un peu mal placée) de notre part, et croyez bien que nos babillages peuvent parfois être utiles.
Comme avec vos grands-mères, sachez prendre ce qui vous sera utile de nos radotages et laissez de coté le reste pour vous faire vos propres expériences!
1 – le FRANGLAIS.
Je place ce point en premier car c’est celui qui m’agaçait le plus avant de partir. J’admets avoir levé les yeux au ciel devant des Germaines qui cherchaient leurs mots : « Comment on dit déjà en France? ». J’ai soupiré devant le Germain qui annonçait « je rêve en anglais depuis des années maintenant ».
HA HA, pensais-je, mon petit, tu es parti depuis 6 mois et tu nous la joue à la J-C Van Damme? Ne me la fais donc pas à moi (j’étais non seulement française mais aussi « parisienne » : La pire des races!!).
HA. HA. HA.
Oui, parfois, je rêve en anglais. OUI parfois je bégaye en français car un mot décide de fuir jusqu’au fin fond de mon cerveau.
Comprenez nous, pour certains c’est sans doute du cinema ok, mais quand on n’est pas rentré à la maison depuis deux ans, que 80% de nos échanges quotidiens se font en anglais (pire, en Coréen avec moins de 1000 mots de vocabulaire), l’esprit fatigue et on se perd.

Ce n’est que normal, le cerveau donne priorité à l’anglais… Pour vous convaincre, anecdote :
Je suis arrivée en France un peu avant mes 7 ans, j’ai appris la langue à ce moment, et, le premier été après mon CP, je suis rentrée passer mes vacances scolaires chez mes grands parents bulgares (qui ne parlent que bulgare). En rentrant à Paris, je comprenais toujours parfaitement le français, mais n’ayant parlé que bulgare pendant des mois, mon cerveau n’arrivait tout simplement pas à me faire parler dans la langue de Molière!
Il m’a fallu des heures, voir un jour d’adaptation avant de recommencer mes bavardages francophones qui, depuis, n’ont jamais cessé. A présent, c’est le bulgare qui a du mal à sortir.
Bref tout ça pour dire que OUAIS je justifie même le franglais.
Peut être que finalement, le plus grand changement de l’expatrié, c’est de gagner en tolérance? Hum à méditer…
Y.P